Témoignage -"Sois forte et tais-toi"

« Sois forte et tais-toi », une phrase qui résonne en moi.

Pourtant, presque plus personne n’ose la prononcer aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où chacun est encouragé à exprimer ses émotions et à les partager. Malheureusement, on ne nous enseigne pas comment réagir face à une personne qui s’ouvre à nous, qui se confie et qui laisse éclater ses émotions.

La plupart du temps, la fameuse question : « Ça va ? » est posée sans attendre de véritable réponse, sans vouloir vraiment connaître l’état d’esprit de l’autre. Lorsqu’une personne s’exprime, qu’elle extériorise sa colère, sa tristesse ou même sa joie, nous nous sentons souvent démunis, car nous ne sommes pas préparés à écouter. Nous nous retrouvons alors dans une situation de malaise et de frustration.

En général, la réponse et la réaction sont bienveillantes, mais il faut reconnaître que les mots utilisés peuvent parfois être maladroits. Soit la personne nous indique comment nous devrions réagir, sans comprendre ce que nous vivons, n’étant pas à notre place. Soit elle utilise des expressions inappropriées, comme : « Je comprends, j’ai aussi vécu un deuil, celui de ma grande tante ou de mon chat. » Cela nous fait hurler intérieurement, mais nous restons silencieux, par respect, pour ne pas blesser l’autre.

En résumé, nous ne sommes pas écoutés, ce qui n’apaise en rien notre douleur.

Mais finalement, écouté ou pas, nous nous retrouvons toujours seuls face à notre peine.

Ainsi, nous apprenons à nous contenir, à ravaler nos larmes, à nous cacher derrière un masque en affichant notre plus beau sourire.

Personne ne nous apprend à être fort. C’est la vie qui nous y contraint.

 

Derrière chaque personne forte se cachent des souffrances et des chagrins. Nous nous dissimulons sous cette carapace pour nous protéger, faisant preuve de résilience. Nous nous convainquons qu’il y a pire, que cela ira mieux, et nous transformons notre souffrance en force pour avoir le courage de continuer à avancer. Être fort est un atout, mais c’est également un fardeau. Nos faiblesses, nos moments de déprime passent inaperçus et parfois dérangent, car cela ne fait pas partie de nos habitudes, et notre entourage s’en trouve alors démuni.

Personne ne m’a appris à être forte et résiliente. Pour moi, c’est le seul moyen de protection et de survie que j’ai trouvé et je suis convaincue que ce sont nos filles, Lana et Zoé, qui me donnent la force d’être ainsi.

Cependant, la peine demeure présente pour nous, même 11 ans après le décès de Zoé. Et je pense à Lana car je sais que mes mots feront également écho dans son coeur car sa peine est souvent invisible aux yeux de son entourage.

Je dis souvent que le plus bel hommage que nous puissions rendre à Zoé est de continuer à nous battre pour tous les autres : ces enfants, adolescents et jeunes adultes qui font face au cancer et à ses ravages. Ils sont la relève, et si je souhaite qu’ils puissent avoir la meilleure vie possible aujourd’hui et demain, je veux également que le combat de Zoé ne reste pas vain.

Nous sommes en octobre et malgré le temps qui passe, les souvenirs douloureux de cette période restent indélébiles. Nous avons pourtant développé des stratégies pour tenter de l’amoindrir, mais en vain.

Ces fameux jours d’octobre qui ont précédé le décès de Zoé et qui nous ont privé d’elle et de son 5ème anniversaire résonnent en moi sans aucun répit, chaque année depuis 11 ans. Je ressens le besoin, encore plus qu’à n’importe quel autre moment de l’année, que son souvenir ne s’estompe pas et c’est ainsi, comme chaque année, que je vous invite à faire un petit geste pour soutenir les actions de Zoé4life, afin qu’ensemble, nous puissions poursuivre le combat de Zoé.

Merci du fond du cœur pour votre soutien envers ma famille et envers tous les enfants et adolescents atteints de cancer.

Natalie Guignard-Nardin – Octobre 2024