Préservation de la fertilité en oncologie pédiatrique
Grâce à l’amélioration des protocoles thérapeutiques et de la prise en charge des patients, plus de 80 à 85% des enfants atteints de cancer peuvent être guéris. Cependant, un certain nombre de patients souffriront d’effets secondaires tardifs de leurs traitements. Différentes études épidémiologiques ont été réalisées et l’on estime actuellement qu’un tiers des patients présenteront des troubles de la fertilité à l’âge adulte. L’impact de cet effet secondaire est important pour les patients ayant survécu à un cancer pédiatrique, puisqu’il a été démontré que ces derniers se sentent très concernés par leur fertilité et que des troubles de celle-ci pouvaient avoir des répercussions importantes sur leur bien-être à long terme.
Alors que depuis de nombreuses années, la cryopréservation de sperme est proposée aux adolescents pubères avant l’introduction des traitements oncologiques, cette méthode bien établie ne peut être appliquée aux garçons pré-pubères en raison de l’absence de spermatozoïdes. Chez les jeunes filles pubères, dans les rares situations où il existe une fenêtre de 2 à 3 semaines avant le début du traitement, une stimulation ovarienne avec récolte d’ovocytes matures peut être proposée. Cette technique bien établie permet d’obtenir de bons résultats. Depuis 2019, la cryopréservation ovarienne chez les jeunes filles pubères est également considérée comme une méthode validée. Toutes ces méthodes mentionnées ont pour but de congeler des cellules germinales matures (spermatozoïdes ou ovocytes) avant traitement à risque d’infertilité, dans le but de les utiliser par la suite en cas d’infertilité.

À l’heure actuelle, aucune méthode validée ne peut être proposée aux enfants pré-pubères puisque ceux-ci ne produisent pas de cellules germinales matures. En Suisse, différents protocoles de recherche permettent d’offrir la possibilité de congeler du tissu gonadique (ovaire ou fragment de testicule) aux enfants prépubères devant subir des traitements à haut risque d’infertilité. Le but de ces études est de congeler les cellules germinales immatures qui sont présentes dans les tissus gonadiques des enfants (follicules primordiaux dans l’ovaire et spermatogonies dans le testicule) dans l’idée de les utiliser d’ici 10 à 30 ans, si le patient est devenu infertile et souhaite fonder une famille. Les cellules germinales immatures pourraient être soit réimplantées au sein du patient, soit maturées in vitro, au laboratoire. Après maturation in vitro, les cellules germinales matures obtenues pourraient être utilisées pour une fécondation in vitro. Actuellement, ces techniques restent expérimentales.
La congélation de tissu gonadique dans ce contexte est donc proposée dans de nombreux pays. Elle mise sur les avancées futures de la recherche dans le domaine de la biologie de la reproduction. Ce domaine est en plein essor et nous pouvons raisonnablement envisager que d’ici 10 à 30 ans, lorsque nos patients pédiatriques seront en âge de procréer, les techniques seront définies et efficaces. Ces protocoles restent actuellement le seul espoir pour de nombreux patients de préserver leur fertilité.
